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mercredi 3 juin 2009

"Nous avons ramassé deux balles à blanc juste de l'UCAD"

Daouda BOIRO, étudiant à la faculté des Sciences et lettres de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, fait sa première année au département d’Histoire. Il est l’un des dirigeants du fameux front de combat des étudiants contre les policiers. Ce mouvement d’étudiants, dont la quasi-totalité était des nouveaux bacheliers, battait son plein il y a juste quelques jours devant leur faculté, l’Université Cheikh Anta Diop.

Quelle était votre motivation à affronter les forces de l’ordre ?

C’est ce que nous avons jugé nécessaire par ce que depuis le mois d’octobre dernier jusqu’à ce mois d’avril, nous les nouveaux bacheliers n’avions pas perçu nos bourses et nos aides. Donc vu qu’ici à l’UCAD tant qu’il n’y a pas de front, il n’y a jamais satisfaction des demandes, nous avons décidé de nous regrouper et d’aller au front.

Comment vous êtes-vous organisés pour avoir un si grand nombre d’étudiants au front ?

D’abord nous nous sommes réunis en assemblée, boursiers ou pas tant qu’on est nouveau bachelier on soutient les autres. Ensuite nous nous sommes donné rendez-vous chaque matin à 7h devant nos guichets respectifs, c’est-à-dire les guichets de chaque département de la Fac Sciences pour percevoir nos bourses. Mais il se trouve que même si nous y allons, les payeurs aussi refusent de nous donner notre argent. Donc aux environs de 10h, nous allons de guichet en guichet pour appeler les autres et descendre au front.

Quelles sont vos stratégies une fois au front ?

Le matin nous commençons par former deux groupes, un devant la grande porte de l’UCAD et l’autre devant la petite porte à côté du pavillon M. Notre objectif première était d’attraper une voiture n’importe laquelle ou un bus pour la faire entrer dans l’université comme otage, mais les policiers étaient déjà sur place depuis 6h du matin. Donc nous avons divisé ces deux groupes en sous-groupes : certains iront chercher des cailloux, d’autres vont allumer des feux pour se protéger contre les gaz lacrymogènes, d’autres se mettront sur les étages du pavillon A pour communiquer les positions des policiers à ceux qui sont en bas, nous utilisons également les murs de clôture pour nous protéger des gaz et les quelques rares balles à blanc tirés par les policiers. A midi nous avons faim et nous décidons de manger d’abord ensuite continuer, mais puisque nous n’avons ni tickets ni de quoi en acheter, nous nous rendons dans les restaurants de l’université pour manger de force. Et au cas où nous échouons, nous faisons le tour de tous les autres restaurant si toujours pas de succès nous faisons sortir les étudiants qui travaillent dans les amphis pour nous faire entendre. (SIC)

Est-ce que vous arrivés toujours à manger avec vos techniques?

Pas toujours, des fois quand les vigils des restaurants voient qu’il y a trop de violence, ils prennent des mesures de sécurité ou ils ferment carrément les restaurants avant notre arrivée.

Tantôt vous avez parlé de balles à blanc, sur quoi vous-fondez vous pour dire cela ?

Une fois nous avons ramassé deux balles à blanc en fin de journée juste devant la grande porte de l’UCAD alors qu’il est interdit que les policiers nous tirent dessus même avec des balles à blanc. Et les policiers font que ça pire par ce qu’ils entrent dans les bâtiments pour tabasser les étudiants. Lors de notre dernier front les policiers se sont introduits dans les chambres des filles au pavillon M pour en tabasser une et ils ont même volé des téléphones portables.

Y a-t-il des blessés ou des morts ?

A part la mort de Balla GUEYE, il n’y a en eu aucune autre par contre des blessés il y en a beaucoup. Nous avons blessé sans le vouloir un jeune homme qui était de passage. Les policiers aussi ont tiré un gaz lacrymogène sur une jeune qui a ensuite perdu connaissance et que nous avons conduit à l’hôpital.

Les filles sont-elles impliquées à la grève?

Pas tout à fait, mais des filles comme celles du PM (pavillon M) nous soutiennent avec des cris, des applaudissements et souvent elles nous apportent à boire.

Est-ce que les policiers entrent permanemment dans le campus pour battre les étudiants ?

Les policiers entrent souvent dans le campus, parce que hormis la fois où ils sont entrés dans les chambres des filles et celle de la mort de Balla GUEYE, la dernière et récente entrée des policiers était pour nous pousser à libérer la route pour qu’un ministre et ses hôtes européens puissent passer. Il parait que ce ministre ne voulait pas que ses hôtes qui se soucient tant de l’éducation sénégalaise nous voient en train de nous battre avec les policiers. Ce jour-là les policiers nous ont vraiment tabassés.

Est-ce que vous parvenez à atteindre tous vos objectifs ?

Des fois nous y arrivons. Nous avons une fois revendiqué la liste des boursiers au front et juste l’après-midi de ce même jour, la liste a été publiée. Mais jusqu’à présent il y en a parmi nous qui n’ont pas perçu leur bourse y compris moi-même.

Parait-il qu’il y aura bientôt des policiers dans le campus pour maintenir l’ordre, quelle serait votre réaction en tant qu’étudiant ?

Je crois que si on exécute ce projet les choses iront de mal en pis parce que policiers et étudiants sont comme chiens et chats si je peux me permettre. La bonne solution pour moi serait de renforcer l’ordre, c'est-à-dire remplacer les gens qui n’ont pas le droit d’occuper leurs postes.

A qui faites-vous allusion quand vous parlez de remplacer ?

Il y en a beaucoup tels que les professeurs, les travailleurs du COUD, les dirigeants et j’en passe parce qu’un bon nombre d’entre eux sont corrompus.

Safiatou DOUMBIA

1 commentaire:

  1. safy arrête d'être paresseuse et occupe toi un peu de ton blog mais bon c'est pas grave à côté de ce que tu m'as fait et je crois que je s8 + ton amie tu rentr et tu n'apél mém pa pr dir j s8 arvé, je s8 trè fachée contre toi !

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