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jeudi 11 février 2010

Mini Sougouba* à la Place du Souvenir de Dakar !

(Le plus grand marché de Bamako)

Certains maliens résidant au Sénégal ont érigé un petit marché à côté de la Place du Souvenir, couramment appelé par les sénégalais « Marché Mali » et par les maliens « La Gare », pour pratiquer comme activité principale le commerce, surtout la vente des accessoires traditionnels et artistiques. Ainsi depuis quelques années, maliens d’origine ou immigrés, ils s’adonnent quotidiennement à cette activité pour gagner leur vie.

A quelques mètres de l’entrée d’un long couloir à ciel ouvert, derrière un mur à moitié tombé, on peut sentir un léger parfum de plantes naturelles. La simulation de porte, créée dans le mur des anciens magasins, abouti au dit marché. Une fois à l’intérieur du marché, on est accueilli par le doux parfum des vendeuses d’encens qui se confrontent des deux côtés d’une étroite allée de permanence trottée. De gauche à droite de l’entrée du marché, sont disposés des hangars de divers produits. On y retrouve des produits artistiques et culturels comme le tissu bazin, communément appelé « tchoup » ici au Sénégal, qui se vend soit teinté ou en nature ; le tissu Bogolan ainsi que le Wax ; des instruments traditionnels de musique, de cuisine et d’autres petits accessoires domestiques typiquement maliens. On a également la chance d’y trouver les vêtements de presque toutes les ethnies du pays. Les marchands ont le plaisir de goutter chaque jour à la diversité culinaire malienne avec l’aide de certaines cuisinières, qui elles aussi font leur affaire en vendant ces plats, mais aussi cuisinent pour les étudiants maliens qui les rémunèrent lorsqu’ils ont de grandes cérémonies ou retrouvailles entre compatriotes. Bref La Gare, c’est le Mali en miniature. Par ailleurs, il n’y a pas que des maliens dans ce marché. « Je viens ici pour uniquement vendre mes éponges. Même si je ne comprends pas Bambara j’arrive à approcher certains clients et à vendre mon produit » assure Sémou, un frêle Sérèr de teint noir, au visage grave d’expression qui a trouvé refuge parmi les Bambara, comme on appelle tous les maliens au Sénégal. Il y règne une ambiance joviale, une joie de vivre sur les visages, un air paisible et harmonieux dont personne ne semble se plaindre. Ici c’est la solidarité : « tout le monde se soutient ici, mon problème c’est celui de ma voisine ou de mon voisin et vice versa » déclare une élancée dame de teint clair. C’est Niouma, une vendeuse de Djouka, un plat malien à base de fonio et de poudre d’arachide. Elle confie également que le grand magasin, dans lequel elle vendait, avant sa place actuelle, avec tant d’autres compatriotes, appartenait à une vieille dame malienne qui est actuellement rentrée pour de bon au bercail. « Tout le monde était la bienvenue dans ce magasin : les chauffeurs qui venaient chercher des voitures au port, nos partenaires qui venaient nous livrer les marchandises, bref tout malien. Et tu pouvais y rester le temps qu’il te fallait » continue Niouma. Du matin de bonne heure jusqu’au petit soir, les vendeurs de La Gare s’activent entre le Port Autonome de Dakar, où ils vont chercher soit leurs marchandises ou accompagner un ami chercher le sien, et « Le Marché Mali » de Bel Air, où se trouvent le reste des leurs. Bien qu’ils aient la nostalgie du bercail, beaucoup d’entre eux se réconfortent les rares fois où leurs compatriotes étudiants passent leur rendre visite ou quand un nouveau vient fraichement leur raconter des nouvelles du Mali. D’autres préfèrent rentrer par moment pour assouvir ce besoin si ardent de sentir ses proches à côté.
Ces vendeurs, après avoir été déguerpi de leur place habituelle par l’Etat sénégalais qui dit avoir besoin de ces terres, sont désormais partagés entre La Gare et Le Marché Mali de Bel Air. Ceux de la Place du Souvenir ont aménagé une allée qui était encore en herbe il y a déjà quelques mois. On fait ainsi face à un grand vide avant d’arriver cette nouvelle place qui est juste derrière leurs anciens magasins qui ont été détruits. Ce nouvel emplacement qui fait au moins 2 kilomètres de long, se situe à 150 mètres en quittant le goudron du rond-point de la Place du Souvenir et en dépassant les vendeurs de « Bogolan » (tissu traditionnel teinté à base d’argile et d’écorces de Caïlcedrat) à gauche ainsi que les réparateurs de motos « Djakarta » (motos chinoises très convoitées au Mali) à droite.




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