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mercredi 3 juin 2009

La dépigmentation, un grand souci!

Malgré les nombreuses sensibilisations sur la dépigmentation, les femmes pensent toujours que leurs informateurs et sensibilisateurs sont des jaloux et ne veulent pas qu’elles se fassent. Mais le docteur Douzima va nous en dire plus sur les risques de ce semblant de fléau.

Veuillez vous présenter s’il vous plait.

Je suis Dr Pierre Marie Douzima, médecin à l’Institut de Santé et de Développement de Dakar. Je suis entrain de terminer une formation de santé publique.

Comment percevez-vous la dépigmentation ?

En médecine il y a deux sortes de dépigmentation. Il y en a une qui peut être considérée comme naturelle par ce qu’elle se fait suite à un traitement donné. Il y a aussi celle qu’on appelle la dépigmentation artificielle qui se fait par certaines personnes pour des raisons d’esthétique surtout les femmes qui veulent s’éclaircir la peau.

Quel est votre avis sur la dépigmentation artificielle ?

En tant que médecin et en tant que citoyen je ne l’aime pas par ce que ça détruit le pigment. Le pigment c’est quelque chose de naturelle et de propre à nous les personnes de peau noire et qui nous procure notre teint. Alors les personnes qui se dépigmentent appliquent des produits qui enlèvent ce pigment donc enlève la noirceur aussi de la peau et la peau est ainsi maltraitée.

Selon vous qu’est ce qui les pousse à faire cette pratique ?

Il y a des femmes qui disent qu’elles le font pour se faire belles, pour séduire. Et d’autres disent qu’elles le font par ce qu’elles ont des boutons ou des impuretés. Mais il y en a aussi qui le font juste par ce que les autres le font et que c’est à la mode. Elles sont incitées par des copines.

Quels sont les risques de la dépigmentation?

Les risques, il faut les segmenter en trois : les conséquences locales, sur la peau elle-même qui laissent libre cours à beaucoup de maladies comme la gale, les mycoses, les désagréments esthétiques comme les vergetures et même des infections graves qui peuvent aboutir à la mort. Les conséquences générales, qu’on ne voit pas sur la peau mais qui apportent des complications à long terme. Par exemple ces conséquences peuvent jouer sur le bébé si l’intéressée est en état de grossesse, sur les reins et ça peut causer une hypertension artérielle ou amplifier le diabète. Et enfin il y a des conséquences socio-économiques, par ce que vue la situation économique des pays de l’Afrique sub-saharienne, la dépigmentation n’est pas indispensable. Plus une personne se dépigmente, plus la peau devient lice, friable et perd son élasticité. Cela entraine alors des complications lors des interventions chirurgicales par ce que la peau ne sera pas facile à suturer. Donc au bout de dix à quinze ans, la peau commence à vieillir prématurément. Et même si la personne décide d’arrêter, la peau ne retrouvera pas son apparence initiale.

Quels sont les composants des produits qui posent problème ?

Il y a trois principaux composants : il y a ceux qu’on appelle les dermocorticoïdes qu’on trouve à la pharmacie et qui sont même prescrits les médecins pour des traitements d’infections et de maladies de la peau, mais avec des doses et des durées bien déterminées. Il y a aussi des produits qu’on appelle les hydroquinones et les derniers sont les dérivés mercuriennes. Mais comme il y a le marché noir, ces produits rentrent par des canaux frauduleux et aboutissent sur des marchés publics à la portée de tous.

Y a-t-il d’autres personnes qui se dépigmentent à part les femmes ?

Vous savez c’est la mode et tout le monde s’y met surtout les artistes par exemple au Congo, mais au Sénégal ce n’est pas le cas.

Que savez sur les prix des produits ?

Ce que moi j’ai appris c’est que le coût moyen est de l’ordre de 4 000F par mois, les produits sont à la portée de toutes les couches sociales. Les produits ne sont pas chers mais c’est relatif. Il y en a qui achètent leurs produits à 1 000F et d’autres à 10 000F c’est pourquoi il y a une différence entre les produits.

Qu’avez-vous à ajouter comme dernier mot ?

Comme dernier mot, je demanderai aux femmes de préférer leurs peaux noires à des peaux dépigmentées de mauvaise qualité.

Safiatou DOUMBIA

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